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Il faut embellir l’environnement numérique

Publié par LCI Education - 9 Février 2017



Il y a longtemps que le débat en faveur ou contre les changements technologiques est révolu. Les nouvelles technologies ne sont plus aussi nouvelles et, en fait, elles doivent maintenant faire face, après avoir été acceptées, à la lassitude relative de certaines personnes qui, étant saturées de stimulus numériques, essaient de revenir à l’analogique ou à l’artisanal autant qu’elles le peuvent.

Marcel·li Zuazua, directeur du master officiel en création et développement de projets numériques de LCI Barcelona et conseiller délégué d’Herraiz Soto, ne pense pas que les personnes soient fatiguées des écrans, mais il admet que « nous devons apprendre à les utiliser » pour pouvoir suivre le cours du changement. « Dans ce changement, il y a aussi toute sorte de mouvements à contre-courant qui sont non seulement utiles, mais aussi nécessaires. Toute révolution abandonne des aspects de grande valeur et, dans l’artisanat, il y a beaucoup d’essence que nous ne devons pas perdre. »

Marcel·li Zuazua estime que nous avons d’ores et déjà abandonné ce débat sur la compréhension et l’acceptation de la technologie. « Nous nous sommes rendu compte que la technologie a été essentielle pour l’économie fondée sur la collaboration. » Et il donne des exemples de plateformes très appréciées par les utilisateurs qui ont réussi à transformer des marchés, tels qu’AirBNB, Pinterest ou Skype.

Cette acceptation était logique, compte tenu d’autres exemples historiques de rejets initiaux : « Lorsque, dans les années 20, les groupes de jazz américains ont commencé à incorporer les premières guitares électriques, de nombreux musiciens les ont vivement critiqués. Et qui prétend aujourd’hui qu’une Fender Stratocaster ou une Gibson Les Paul est incapable d’émouvoir? » Le professeur complète ainsi sa comparaison : « le rock est une grande école sur la façon d’utiliser la technologie. L’effort, l’ambition, la passion, le contenu, le talent, la créativité et beaucoup d’intérêt sur la façon d’émouvoir un auditoire et bien moins sur le volume des ventes. »


Ainsi, comme le monde à multi-écran dans lequel nous vivons est accepté, il ne nous reste qu’à faire en sorte que les conceptions numériques puissent émouvoir. Voici quelques clés permettant d’y arriver :

– Les outils

Ce sont les concepteurs qui doivent faire en sorte que les outils technologiques transmettent des idées de valeur et provoquent des sensations au lieu d’être une simple vitrine de leurs propres possibilités. Selon Zuazua, les concepteurs doivent être conscients de ce qu’ils sont, c’est-à-dire des outils. « Ils servent d’instruments pour obtenir ce que l’on cherche. Notre objectif n’est pas de faire une démonstration des capacités des outils, mais bien que ceux-ci soient utilisés pour expliquer, transmettre et émouvoir. »

La popularité et la baisse des prix des outils ne constituent pas un problème pour les concepteurs professionnels : « la concurrence est l’un des grands moteurs de l’évolution. Plus nous aurons de culture et de connaissances sur la conception, plus nous serons exigeants à son égard. Bienvenus aux outils qui permettent que la qualité moyenne de ce que nous faisons en tant qu’utilisateurs encourage les professionnels à continuer d’ouvrir de nouvelles portes. Cela nous aidera à embellir l’environnement numérique. »

– Le talent et le travail

Bien que les outils aient un effet multiplicateur, il est convaincu, pour sa part, que « la base d’une bonne conception se trouve au niveau du talent, qui est inné; cela dit, il faut s’entraîner, travailler et peaufiner. » C’est cette somme de talent et de travail, alliée aux outils appropriés, qui permettra aux concepteurs de parvenir à transmettre leurs idées.

– L’interaction avec l’utilisateur

Pour Marcel·li Zuazua, la conception doit être en parfaite harmonie avec l’utilisation. « Toute application ou action de communication est conçue pour provoquer ou pour créer une interaction. Nous ne nous attendons pas à ce que l’utilisateur agisse en simple spectateur. Nous ne serons en mesure d’ajouter cette couche d’émotion que si nous sommes capables d’utiliser le même langage. »

Voilà pourquoi il faut des profils professionnels comme le concepteur d’expérience d’utilisateur (UX), qui cherchent à ce que le produit, la page web, ne soit pas vu comme une machine, mais bien comme une personne qui souhaite communiquer et dialoguer avec nous. Penser comme un concepteur UX implique la connaissance de la relation émotionnelle des utilisateurs avec le produit.

Pour conclure, le professeur ajoute un rôle de plus que doivent avoir les concepteurs : celui de conserver la beauté de l’environnement numérique au même titre que les architectes assument leur responsabilité dans l’aspect des villes. « Cet environnement a été dominé jusqu’à présent par les ingénieurs. La partie graphique n’était pas leur principale priorité. Le défi est passionnant : mieux comprendre la technologie pour y ajouter une couche d’humanité. »